S’adonner au jeûne pour en cueillir les bénéfices santé, une tendance qui gagne nettement en popularité ! Alors, que se trame-t-il à l’intérieur de notre organisme lorsque nous décidons de le priver d’alimentation pendant une durée étendue, parfois allant jusqu’à plusieurs semaines ? Où trouve-t-il le carburant nécessaire à son fonctionnement ? Qu’advient-il de notre appétit et de notre niveau d’énergie ? Examinons au microscope cette aptitude à s’adapter, un legs précieux de nos lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs.
L’alimentation : principale source d’énergie du corps humain
Vous vous demandez peut-être d’où nous vient notre force ? Un verre de jus d’orange savoureux, le croquant d’un fruit frais, la texture subtile de graines ou encore le réconfort des céréales… C’est dans ces éléments de notre alimentation quotidienne que nous puisons notre énergie. Cette dernière prend différentes formes : les lipides, les protéines, mais plus précisément les glucides, c’est-à-dire les sucres. Le Dr Lionel Coudron, grand adepte des pratiques de jeûne, éclaire cela d’une manière très parlante : « Des organes tels que le cerveau et l’intestin sont de grands consommateurs d’énergie. Cette énergie, ils la puisent dans les glucides qui, durant la digestion, sont convertis en petites particules de glucose ». Le glucose est alors distribué dans le sang où il sert de « carburant » pour toutes les cellules de notre organisme. Cette ressource d’énergie est cruciale car elle nous permet de bouger, de réfléchir, de faire battre notre cœur… En somme, d’assurer notre survie et de préserver notre santé!
Outre l’utilisation immédiate, une partie du glucose que nous consommons est stockée dans le foie et les muscles, sous forme de glycogène hépatique et musculaire. Comme le souligne le Dr Lionel Coudron, « le foie, dont le poids peut varier entre 1,5 et 2 kg, peut contenir jusqu’à 10 % de son poids en glycogène« . Ces réserves de « carburant » peuvent être utilisées par notre organisme lorsque la nourriture précédemment ingérée a été digérée et que le taux de glucose dans le sang, également appelé glycémie, commence à diminuer.
Cependant, ce stock interne d’énergie n’est pas inépuisable. Il s’épuise en environ 36 heures si nous arrêtons de nous alimenter. Face à cette situation, le corps doit puiser dans d’autres réserves d’énergie. C’est à ce moment précis que commence la réelle phase de jeûne, explique le Dr Lionel Coudron. « Après 36 heures sans apport alimentaire, un mécanisme interne se met en marche pour fournir à notre organisme l’énergie dont il a besoin pour continuer à fonctionner. »
De 36 à 48 heures après : le déclenchement de l’acidose
La privation de glucose conduit notre organisme à puiser l’énergie vitale dans les réserves de lipides, autrement dit, dans les graisses. Les réserves d’acides gras présentes dans le tissu adipeux sont transformées en corps cétoniques par le foie. Ce brusque bouleversement métabolique peut entraîner ce que l’on appelle une « crise d’acidose », caractérisée par des maux de tête, des nausées, voire même des éruptions cutanées. Le Dr Lionel Coudron rassure: « Ces symptômes sont tout à fait normaux lors du passage en cétose. Ils disparaissent généralement en 36 à 48 heures maximum« . Une supplémentation en sels minéraux (des citrates de potassium, de calcium et de magnésium) peut permettre de neutraliser l’acidité produite par les corps cétoniques et de minimiser la sensation de fatigue.
Le 5e jour de jeûne: épargner les protéines
Outre la masse grasse, notre organisme peut également puiser son énergie, de façon temporaire, dans les protéines corporelles, c’est-à-dire les muscles. Cependant, dès le cinquième jour de jeûne, un changement surprenant se produit. Notre corps cesse de puiser cette énergie dans les protéines pour concentrer ses efforts sur les tissus adipeux. C’est en fait un véritable mécanisme de survie qui limite la fonte musculaire tout en économisant au maximum ces protéines, indispensables aux fonctions vitales de notre organisme (le cœur, par exemple).
La perte de poids
Il est logique que lorsque la masse grasse est utilisée comme réserve d’énergie, elle réduit son volume. Selon le Dr Lionel Coudron, « il est possible de perdre jusqu’à 2 kilos dès les premières 48 heures de jeûne. Cependant, cette perte est principalement hydrique, et non pas une réduction de la masse grasse« . Par la suite, la perte de la masse grasse survient… « Si vous perdez par exemple 4 kg en une semaine de jeûne, on estime que la moitié est due à la perte d’eau et l’autre moitié à la perte de graisse« .
La masse musculaire
Pendant les premiers jours de jeûne, vous allez perdre un peu de muscle, c’est normal. Après quelques jours, lorsque l’organisme commence à puiser de l’énergie principalement dans la graisse, cette perte musculaire se stabilise. Dr Lionel Coudron recommande d’ailleurs, « Ne restez pas inactif, continuez à bouger ! Une balance de composition corporelle pourrait s’avérer utile pour suivre l’évolution de votre masse musculaire« . L’excès de jeûne cependant, mène à une fonte musculaire accrue, ce qui peut s’avérer dangereux.